Revue du jeu Northguard

La jaquette du jeu de société est fidèle au visuel du jeu vidéo.

Aujourd’hui nous vous parlons de Northguard – Uncharted Lands, un jeu de société bourrin à mi-chemin entre le 4X et le survivalisme.

Fiche technique

  • 2 à 5 joueurs (même avec les extensions)
  • 12 ans et plus (14 ans pour le constructeur)
  • 1h30mn environ (joueurs habitués)
  • Jeu de placement et de contrôle de territoire

Présentation

Dans ce jeu de société 4X (eXploration, eXploitation, eXpansion et eXtermination) atypique, vous devrez explorer la région, occuper le terrain, construire des bâtiments, engranger des ressources, développer votre deck de cartes et enfin éclater vos voisins-ennemis à grands coups de hache dans la tronche !

Si vous avez déjà joué au jeu vidéo du même nom, qui a d’ailleurs inspiré ce jeu, alors vous ne serez pas trop dépaysé. Rien de bien insurmontable ni de bien révolutionnaire dans tout ça, me direz-vous.

Mais ce n’est pas un simple « 4X » gentillet, car loin d’un Hyperborea (nous vous en reparlerons sûrement un jour) où les créatures neutres attendent sagement de se faire savater, ici les loups, valkyries et autres wyverns se feront un malin plaisir de vous traquer, de vous trouver et de vous dévorer. On a donc vite fait de perdre les territoires ou les ressources chèrement gagnés. Mais voyons cela de plus près.

Evaluation

Règles

Les règles sont assez nombreuses et nécessitent beaucoup de précisions quant à l’interaction entre les différents éléments (quels symboles se cumulent, est-ce que les bâtiments entrent en compte dans l’ordre de priorité des monstres, quels effets ont les symboles du dé contre les monstres, comment marchent les déplacements et le contrôle des régions où un monstre se balade…)

Par conséquent, le jeu lui-même est plutôt fluide, mais l’explication des règles nécessitera une longue phase préparatoire, et chacun des joueurs devra rester concentré pour ne pas perdre le fil. Les règles de combat sont simples, et permettent d’optimiser ou booster les troupes, tout en laissant une faible marge d’aléatoire : difficile d’offrir à la fois fureur du combat et planification tactique. Mais en tenant compte des bâtiments, des mouvements des monstres (planifiés et donc anticipables…), le pari est réussi.

On notera qu’il est également possible de jouer en équipes (en 2 contre 2), ce qui change complètement la manière de jouer. Se présentant initialement comme un 4X, le jeu peut alors devenir une sorte de Fief survivaliste, avec suppléments monstres psychopathes.

Dans ce début de partie incisif et impitoyable, les joueurs Bleu et Jaune ont délibérément placé leurs soldats et des tanières côte-à-côte. Le sang va couler… et Odin reconnaîtra les siens.

Attention cependant, si vous jouez avec toutes les extensions et notamment Wilderness : la pioche de tanières peut rapidement submerger le monde en monstres vindicatifs, ours sanguinaires et autres wyvernes psychopathes, ce qui peut changer drastiquement la partie, passant de conquête à survie désespérée.

Nous vous recommandons de fortement limiter le nombre de monstres, soit en le bloquant à N+1 maximum (N étant le nombre de joueurs), soit en ne tirant un nouveau monstre qu’une tanière sur deux. Les options de ce style sont d’ailleurs suggérées par les Designers du jeu eux-mêmes (cf. cette discussion sur boardgamegeek).

Note : 7/10

La partie a bien avancé et l’exploration révèle de nouvelles possibilités de développement pour les clans Vikings. Gare cependant aux tanières. Un monstre ça va, trois, bonjour les dégâts !
Les monstres débarquent, et ne vous fiez pas à l’apparence ordinaire des ours et des loups : il s’agit ici de carnassiers testostéronés !

Thème

Nous sommes clairement en présence d’un jeu inspiré par l’iconographie et le thème des Vikings, au sens le plus large du terme. Vous développerez et organiserez une tribu perdue aux confins du monde connu, et seule votre détermination vous permettra de vaincre.

Si vous n’avez pas joué à Northguard sur jeu vidéo, vous ne serez cependant pas à l’aise, car il ne s’agit clairement pas de n’importe quel univers viking. Ici, le thème des Northmen a été revisité avec une cosmogonie, des symboles et des organisations originaux. Les puristes historiens se demanderont encore pourquoi avoir choisi la Chèvre ou le Serpent comme des emblèmes de clans Vikings.

D’autres s’étonneront probablement de certains des monstres présentés (pourquoi une Valkyrie déchue ? Une Valkyrie classique aurait aussi bien fait l’affaire !) Mais passons, il s’agit avant tout d’une surprise et d’un dépaysement, et non d’un défaut inhérent. Vous vous immergerez dans Northguard, pas dans la mythologie traditionnelle Viking : ce n’est pas un mal en soi mais mieux vaut être prévenu.

Note : 8/10

Matériel

Le matériel est de toute beauté, et nous avons eu la chance de jouer avec l’édition deluxe complète, qui se targue d’être la seule à proposer des bases de couleur pour les chefs de clan, des dés custom colorés, et quelques autres fioritures dont notamment les robustes plateaux de bord pour les différents clans.

Les tuiles du jeu ont une forme originale, une sorte de gabarit d’apparence irrégulière qui imite assez bien les bords déchirés d’une carte. Les tuiles s’agencent cependant parfaitement et repoussent ainsi agréablement le brouillard de guerre, chacune affichant une face unique avec de petits paysages colorés et variés. Si vous jouez avec tous les suppléments, vous découvrirez d’ailleurs de nombreux lieux uniques, comme les Ruines Dvergars ou le Lac d’acide.

Tout le jeu se repose sur des déplacements de figurines, mais il est du coup un peu dommage que les régions où les unités évoluent puissent être parfois vraiment trop petites, surtout quand on y cumule deux bâtiments, 8 guerriers et une Valkyrie déchue… Tout ce petit monde s’entasse alors difficilement sur un territoire de deux tuiles.

Le jeu peut être complété avec les extensions Chefs de guerre et Terres sauvages, qui rajoutent respectivement une sorte de « super-guerrier » (avec une règle de clan unique) et de nouveaux monstres pour peupler les tanières. De quoi rendre le jeu un peu plus complexe et un peu plus tactique !

Note : 9/10

L’édition Kickstarter propose des tableaux de bord pour chaque joueur, qui sont bienvenus pour rappeler quelques-uns des nombreux points de règles truffés d’exceptions à tiroir.

Notre avis

Northguard allie astucieusement plusieurs mécaniques (pioche de tuiles, deckbuilding et placement de figurines) pour donner un tout cohérent et bien structuré. En cela, il peut donner des leçons à des jeux plus fouillis (dont on ne citera pas le nom).

Nerveux et imprévisible, il vous donnera du fil à retordre, car vous ne devrez pas prendre en compte que les mouvements tactiques de vos ennemis, mais aussi les procédures de carnage des monstres qui rôdent autour de vos braves guerriers… Un jeu de réflexion violent et pas si aléatoire que cela, où il est toujours possible de tirer son épingle du jeu, à condition bien sûr de ne pas se retrouver avec 8 ou 9 monstres sur le plateau !

Note finale : 8/10

Mieux vaut l'action que vaines palabres...