L’expédition polaire de Scott en images

Si, comme nous, vous avez été traumatisés par l’épisode du dessin animé Ordy consacré aux expéditions vers le pôle antarctique, alors vous apprécierez de savoir que les photographies de l’expédition britannique sont désormais disponibles sur le Web. Personnellement, le récit de ces hommes au destin fatidique m’a toujours laissé des frissons et une grande nostalgie. Ajoutez à cela la fascination pour les étendues froides et inexplorées du bout du monde, et vous comprendrez pourquoi vous pleurerez (peut-être) vous aussi à la fin de cet article.

C’est une ressource indispensable d’inspiration, autant pour rendre hommage à ce morceau de bravoure et cette épopée humaine, que pour illustrer ou alimenter une campagne de JDR (que ce soit pour l’Appel de Cthulhu, pour un voyage dans la Terre Creuse ou autres vols galactiques vers des planètes glacées).

Vous trouverez toutes les photos de la dramatique expédition Scott ici.

Détail à noter, un jeu de société vient de sortir pour couvrir cette seconde et dernière « course au pôle ». Cette petite boîte pour deux joueurs propose un combat asymétrique, chacun des deux explorateurs jouant sur des tableaux différents pour atteindre le point austral ultime.

Un voyage dans la glace

Nous vous proposons ci-dessous une petite sélection de moments marquants, de quoi faire un roman-photo tragique.

Le capitaine Scott au début de l’expédition, à bord du vaisseau Terra Nova qui le conduit en Antarctique. Le temps est au beau fixe et la motivation anime les sujets de Sa Gracieuse Majesté.
Les festivités à terre, dans une hutte pavoisée, à l’occasion de l’anniversaire du capitaine Scott. Au menu, haricots en conserve, pemmican, viande de phoque… Nous sommes le 6 juin 1911 et la course pour le Pôle n’a pas encore vraiment débuté.
On a beau courir vers le sommet du monde, on peut prendre le temps de boire une tasse de thé. So British ! Amundsen débarque plus près du Pôle, avec un équipage de chiens plus résistants au froid que les poneys Anglais, et s’élance vers le Pôle avec plusieurs semaines d’avance. De son côté, l’expédition Brittanique enchaîne déjà les retards et la malchance… Dans son journal de bord, Scott louera la bonne humeur et l’optimisme de ses camarades d’infortune, même aux pires moments.
Photographie de l’expédition Brittanique, enfin arrivée au Pôle Sud. En chemin, il a fallu abattre et manger les chiens et les chevaux. De gauche à droite et de haut en bas : Oates, Scott, Evans, Bowers et Wilson. Ils ont un mois de retard sur le Norvégien Amundsen, qui leur a laissé une lettre pour son roi. Aucun de ces cinq hommes ne survivra au voyage du retour.
La dernière étape sera la dernière pour ces braves. Des cinq héros Anglais, le premier à mourir est Evans. Le 4 février 1912, il se fracasse le crâne en tombant d’une falaise ; le 16 février, il devient fou et on doit le ligoter et le transporter en traineau, mais il meurt de commotion et du scorbut quelques jours plus tard.
Oates, dont le pied s’est gangréné, sait qu’il est condamné. Il part seul en pleine nuit, la veille de son 32e anniversaire, pour épargner des rations à ses camarades. Il se contente de leur lancer : « Je vais juste dehors, mais cela pourra prendre un certain temps ». Il disparaît dans une tempête. Il fait -40°C. Son corps ne sera jamais retrouvé, ni par ses compagnons, ni par les expéditions ultérieures.
Scott, Wilson et Bowers continuent, mais finissent par mourir de faim et de froid, piégés dans un blizzard épouvantable et interminable, stoppés à 18km du camp de secours One Ton Depot. Retrouvés 8 mois plus tard, gelés dans leur tente, on les ensevelit sous ce cairn. Les photos que vous voyez ont été retrouvées auprès d’eux, ainsi que le journal de Scott, suppliant le gouvernement de prendre soin de leurs familles. Les échantillons de roche ramenés par Scott prouveront définitivement la théorie de la dérive des continents.

Nous vous laissons avec cette ultime strophe traduite du poème Ulysses, d’Alfred Tennisson, dont les derniers mots sont gravés sur le mémorial de Hut Point, au camp de base de l’expédition :

« Le long jour pâlit ; la lente lune monte ; l’océan
Gémit alentour d’une multitude de voix.
Venez, mes amis, point n’est trop tard pour se lancer en quête
D’un monde nouveau ; poussons au large et en rangs serrés,
Fendons ces sillons sonores ; car je garde l’envie
De voguer au-delà du coucher du soleil où baignent
Toutes les étoiles occidentales, jusqu’à ma mort.
Il se peut que les courants nous porterons,
Il se peut que nous nous échouerons aux Îles Fortunées
Et que nous verrons le grand Achille que nous connaissions.


Bien que beaucoup ait été pris ; il nous en reste beaucoup,
Et si nous avons perdu cette force
Qui autrefois remuait la terre et le ciel,
Ce que nous sommes, nous le sommes :
Des cœurs héroïques et d’une même trempe,
Affaiblis par le temps et le destin,
Mais forts par la volonté
De chercher, lutter, trouver, et ne rien céder.
« 

Mieux vaut l'action que vaines palabres...