Gentes

Fiche technique

  • 1 à 4 joueurs (Le mode solo ne nécessite que peu d’adaptations)
  • 14 ans et plus (12 ans pour le constructeur)
  • 1h30mn environ (joueurs habitués)
  • Jeu de placement d’ouvriers et de programmation

Présentation

Gentes vous propose de prendre en main le destin d’une civilisation « lambda » de l’est du bassin méditerranéen, tout au long de l’antiquité. A travers trois grands âges successifs, vous devrez gérer au mieux le temps qui vous est imparti et placer vos ouvriers, scribes et autres colons judicieusement, de manière à engranger plus de points de victoire que vos voisins !

Evaluation

Règles

Gentes est un jeu bien équilibré, qui est prévu pour s’adapter que ce soit à 1, 2 ou 4 joueurs : en effet il suffit de rajouter ou de remplacer les tuiles « action » disponibles sur le plateau de jeu. Au final, de nombreuses stratégies sont possibles pour engranger des points, que l’on mise sur des gains réguliers, sur des cartes bâtiments précises, sur l’accumulation de bâtiments avec effets synergiques, ou tout simplement sur tous les tableaux à la fois.

Les règles présentent quelques mécaniques intéressantes. Sans être un vrai jeu de programmation, il faut non seulement anticiper et préparer sa propre file d’ordres, tenir compte des choix concurrentiels des autres joueurs et parfois, se focaliser sur une action avant que vos concurrents vous empêchent tout bonnement de rentabiliser votre tour.

Parmi les mécaniques intéressantes, qui donnent toute leur saveur au jeu, on retiendra les points cruciaux suivants :

  • La mécanique de réagencement du « marché aux classes sociales » (visible en haut à droite, dans l’illustration ci-dessous) permet de bouleverser et réorienter en permanence les impératifs de recrutement de citoyens ;
  • La pose et le déclenchement des bonus des colonies ne sont pas à négliger car leurs effets peuvent démultiplier vos options (et vos gains en pièces d’or et en points de victoire !) ;
  • Les nombreuses options pour moduler les pioches ou les achats, dans la philosophie du « payer plus pour choisir plus », permet aussi de renforcer la stratégie et d’obliger les joueurs à faire des choix cornéliens ;
  • Enfin, nous avons particulièrement apprécié la possibilité de forcer ses citoyens à faire du « travail forcé », ce qui compresse le temps et débloque davantage d’actions possibles… Une option alléchante, mais qui nécessite de perdre le temps gagné, au tour suivant, alors que vos pauvres ouvriers sont en congé !

Les règles sont ainsi particulièrement juteuses, et cela oblige à les expliquer en long et en travers : comptez trois quarts d’heure de lecture pour une première partie, ce qui peut malheureusement décourager les moins acharnés des joueurs.

Un bon point est aussi le livret de résumé des effets des cartes bâtiments, même s’il se révèle assez anecdotique pour la plupart des cartes.

Note : 8/10

Thème

Le style des dessins et des visuels du jeu cherchent sans doute à donner à chaque pièce, carte et morceau de plateau une impression d’archaïsme et d’antiquité, sans privilégier pour autant un style architectural ou pictural trop marqué (on hésite en décrivant les illustrations, à évoquer une influence entre des hiéroglyphes, des gribouillis Etrusques et des graffitis Romains).

Il est cependant regrettable que le jeu propose de jouer autour du bassin méditerranéen, et de s’inscrire dans un thème résolument historique, sans chercher pour autant à mettre en valeur les peuples de cette période.

En effet, dans un souci de simplicité et d’équilibre, vous pouvez essaimer vos cités n’importe où, et nul ne saura si vous êtes Carthaginois, Grec, Phénicien ou Perse. Cet aspect aurait pu être développé, sinon avec des règles uniques par joueur, au moins avec des éléments visuels différents, notamment sur les plateaux de civilisation (qui sont déjà spécifiques à chaque « faction », puisqu’ils ont des couleurs distinctes).

Notre conseil est de jouer avec la disposition de départ conseillée pour les parties de débutant (départ « préétabli ») en donnant au moins à chaque configuration un référent historique propre : le joueur qui a le plus de Soldats est Rome, celui qui a le plus de prêtre dirige l’Egypte, etc…

Note : 7/10

Matériel

Le jeu se présente comme résolument « vieille école » avec un grand plateau, des petits pions en carton à la volée, etc… Les couleurs sont pastel, et le tout est patiné d’un effet d’usure assez sympathique.

Combiné avec le style simple et épuré des personnages, icônes et autres marqueurs (les bonhommes rappelant des dessins primitifs ou des œuvres de Keith Haring), il est indéniable que ce jeu a une identité visuelle forte (après, on aime ou on aime pas…)

Un petit bémol : les cartes Scribe sont toutes affublées d’un titre en Anglais qui, s’il aide à identifier la nature des bâtiments représentés, nuit quand même à l’immersion et à l’immédiateté en jeu ; il aurait fallu faire une version Française, ou ne pas mettre de texte du tout (puisque les avantages des cartes, intérêt principal de ces éléments, sont déjà résumés par des icones concises).

On notera aussi que les tuiles action prêtent parfois à confusion, la faute à des symboles et des motifs pas toujours très clairs (notamment en ce qui concerne les tuiles action pour piocher ou poser des cartes, ou la génération d’impôt).

Note : 6/10

Notre avis

Gentes est un excellent jeu, en apparence aride et compliqué. Une fois qu’on a assimilé les règles, il se révèle pourtant étonnamment assez simple à appréhender, et la difficulté consistera simplement à planifier votre développement personnel, tout en veillant à ne pas vous faire bloquer par vos adversaires !

Un très bon jeu « sérieux » de soirée, parfait pour faire tourner vos méninges, comme le ferait un Deus ou un Tournay.

Note finale : 7/10

Mieux vaut l'action que vaines palabres...